Si tous les bateaux, même les plus grands navires sont périodiquement mis à sec et donc remis à l’eau, le Cap Corse, engin quelque peu amphibie puisque se nourrissant souvent de plus de kilomètres routiers que de miles marins est particulièrement soumis à ce genre d’opération.Les moyens les plus variés peuvent être mis en œuvre et sans vouloir passer en revue toutes les élucubrations suscitées par ce passionnant problème, il nous faut mentionner la remarquable réalisation d’un grand précurseur, un certain Boussard dessinateur de son métier et génial inventeur à ses moments perdus. Nous en reproduisons ci-contre l’illustration qui par la netteté de ses traits et la perfection du mécanisme surtout pour l’époque ne peut que provoquer un étonnement admiratif et dispense de toute autre explication.Faisant un bond dans le temps, la remorque routière ayant évolué en particulier avec l’invention du pneumatique et du frein à tambour, d’autres systèmes sont apparus dont certains cependant sembleront bien archaïques, quoique encore utilisés de nos jours. Citons par exemple, la combinaison du madrier et du fût de 200 litres, le premier jouant le rôle de levier et le deuxième de support afin de dissocier le bateau de sa remorque, la mise à l’eau ou l’inverse se faisant ensuite soit avec le concours des marées, moyen de levage antérieur à l’invention du génial Boussard, soit par l’intermédiaire de rouleaux et pièces de bois diverses permettant d’évoluer sur tout plan incliné ayant le dos solide et les pieds dans l’eau.
Les téméraires, les inconscients ou ceux qui auront emprunté une remorque à un copain pour cette occasion n’hésiteront pas, toujours avec l’aide soit de la marée, soit du plan incliné de faire la mise à l’eau en immergeant la remorque jusqu’à ce que le principe d’Archimède aidant le bateau seul se mette à flotter, faisant cavalier seul.
Pour l’opération contraire, la difficulté est plus grande, la remorque n’ayant pas toujours la bonne volonté de se placer sous le bateau, surtout avec du clapot, et le bain pour tous les bénévoles devient obligatoire. Seul le capitaine, sa dignité l’exige, se contentera de donner des ordres à distance, bien au sec (déconseillé en eaux froides).
La variante Corse consiste à opérer sur une plage de sable à la tombée de la nuit de préférence (la journée étant consacrée au repos), une lampe torche vraiment étanche à la main pour essayer de repérer le lest dans les ténèbres et le guider dans son logement. Toute l’astuce consiste dans ce cas à utiliser comme véhicule tracteur un engin type 4 X 4 et à ne pas l’aventurer sur le sable mouvant de la plage, la liaison avec la remorque se faisant par un bout de bonne longueur.
Dans ce genre d’exercice, c’est toujours la remorque qui gardera le souvenir le plus cuisant de l’aventure malgré le jet d’eau douce cicatrisant, sauf bien entendu si le plan d’eau est celui de quelque lac, par contre la Mer Morte n’est pas recommandée.
Signalons également la remorque type » mise à l’eau » qui se caractérise essentiellement par un prix d’achat plus élevé et accessoirement par un système généralement à » timon brisé » permettant grâce à cette articulation et à un ensemble de galets d’effectuer en principe plus facilement les opérations de transfert. Mais compte tenu de la présence d’un lest sous le bateau, il semble difficile d’éviter dans un sens ou dans l’autre un bon bain de pieds pour la remorque ce qui enlève beaucoup d’intérêt au dispositif.
Considérant maintenant les opérations effectuées avec l’aide d’un appareil tiers, nous trouverons successivement les portiques, les grues fixes ou mobiles, et également le mât de charge.
Les portiques bien que n’en ayant pas l’exclusivité, peuvent dans certains cas procurer des sensations fortes. Le bateau sur sa remorque est présenté sous un portique muni d’un palan puis soulevé et ensuite déposé sur un chariot adéquat évoluant lui-même sur un plan incliné et généralement guidé par un rail.
Nos amis du Bourdon ont ainsi réalisé une installation particulièrement attractive permettant la mise à l’eau en période d’étiage, une magnifique partie de toboggan, le bateau sur son chariot étant lâché avec toute la vitesse due à la pente avec le seul freinage de l’eau à l’arrivée s’il y en a. Pour le retour, les mouvements sont plus lents, tributaires de la musculature des volontaires au treuil.
Ces préambules étant épuisés, nous en arrivons au grutage proprement dit qui statistiquement correspond à la manutention la plus employée.
Tout port qui se respecte possède sa grue fixe qui fait traditionnellement partie du folklore, le fin du fin étant la grue type SNCF reconnaissable à son imposant volant manivelle, la motorisation étant rare.
Autre caractéristique de ce genre d’appareil, l’axe de pivotement est généralement fâché avec la verticale et selon l’orientation de l’inclinaison, la flèche refuse obstinément de se diriger vers le quai ou vers l’eau, ce qui nécessite pour l’y contraindre malgré tout de frapper au sommet de la flèche un bout sur lequel s’attelleront tous les curieux devenus compatissants devant l’immobilité de l’engin.
En général, mais il y a d’heureuses exceptions, la facilité d’utilisation d’une grue fixe est proportionnelle à son coût ce qui est somme toute assez logique, tout service justifiant une rétribution mais d’autres considérations peuvent intervenir, indexant souvent la facture à la fréquentation du lieu et à sa latitude.
Dans une mer à marée, si la grue a besoin pour s’ébranler que vous vous accrochiez à sa manivelle, il y a évidemment intérêt à opérer à marée haute tout au moins pour la remontée mais l’expérience montre qu’arrivant toujours à la dernière minute, les vacances sont courtes, vous n’aurez plus le temps de choisir votre heure et il faudra lever les yeux bien haut pour apercevoir la grue perchée tout au sommet d’un quai impressionnant.
En général même avec les grues SNCF, la manutention se fera démâté, ce qui conduira accessoirement à quelques démonstrations d’équilibrisme si le mât n’a pas de jumelles et qu’en plus quelques hors-bord se pointent fort judicieusement dans les parages.
Bien souvent, même les grues les plus modestes possèdent leur jeu d’élingues. Si elles ne déchirent pas vos mains, vous avez quelque chance de pouvoir les utiliser sans risquer d’abîmer votre coque. Tout au plus faudra-t-il en ajuster la longueur pour conserver si possible au minimum un mètre entre le crochet et le haut du rouf.
En l’absence d’élingue, débrouillez-vous tout seul en prenant un simple bout de nylon ou tergal d’au moins 12 à 14 mm, plus pour épargner la coque que par crainte de rupture. Vous fixerez une extrémité au crochet de la grue et votre cordage passera successivement sous le bateau à l’avant du lest, remontera au crochet, repassera à l’arrière du lest pour s’amarrer finalement au crochet, En utilisant aussi un seul brin d’environ 15 m il est beaucoup plus facile d’équilibrer chacune des 2 boucles afin que le bateau, reste droit pendant son levage.
La grue du port de plaisance du Havre illustre bien l’exception signalée précédemment à la relation entre la facilité d’un grutage et la dépense en résultant. En effet, pour un prix modique votre bateau est manipulé tout maté avec une rapidité et une précision remarquables et vous vous offrez en même temps le petit voyage d’accompagnement du bateau nécessaire pour mettre en place les élingues.
II vous arrivera de rencontrer des grues qui semblent n’attendre que vous mais dont l’utilisation est en réalité semée d’embûches. En y regardant de plus près, une explication apparaît généralement.
Exemple, ce petit port du Finistère bien connu des Cap Corsistes, où le grutage pourrait se faire bénévolement avec, il est vrai, de gros efforts pour faire pivoter l’engin… oui, mais le quai est toujours encombré, la clé du cadenas est souvent introuvable. Un chantier voisin avec la plus grande amabilité se chargera de votre mise à l’eau… quant à la facture, seule la mer voisine est plus salée.
Autre exemple aux antipodes méditerranéens, dans ce port de plaisance de plus en plus envahi par le motonautisme, il y avait encore il y a quelques années une petite grue toute simple mais suffisante quand même pour un Cap Corse… à condition toutefois d’en posséder la manivelle et l’on vous faisait bien vite comprendre qu’il était beaucoup plus facile, plutôt que de se livrer à des fastidieuses recherches, de s’en remettre aux bons soins des spécialistes du coin qui avec leur camion grue se feraient un plaisir de vous faire accepter leurs conditions.
De la grue fixe, l’on arrive ainsi à la grue mobile dont il existe toute une nomenclature, du type le plus perfectionné et parfaitement fonctionnel, dont le propriétaire ne manquera pas d’essayer de vous initier à ses problèmes d’amortissement jusqu’au type le plus bricolé, assemblage peu engageant d’un châssis rescapé de quelque parc à ferraille et de profilés rongés par la rouille.
L’utilisation de tels engin, même des derniers cités vous donnera, moyennant finance bien entendu, généralement satisfaction, la dextérité du préposé palliant souvent aux faiblesses mécaniques. Assurez·vous cependant auparavant que la hauteur de la flèche est suffisante et que le rapport des poids entre votre bateau et l’appareil soit tel que ce ne soit pas le dernier qui bascule lorsque le treuil commencera à fonctionner.
Gare là-dessous !
Je me souviens toujours en Corse des tentatives pour sortir de l’eau l’une de nos plus glorieuses unités, avec le concours de l’unique ressource locale, un camion de dépannage brinquebalant dont il était possible, le bras levé, de toucher l’extrémité de la flèche. Résultat : l’élasticité du nylon des élingues et l’écrasement de la suspension du véhicule conjuguant leurs actions néfastes, le palan fut bien vite à bout de course avant que le bateau n’en manifeste la moindre velléité pour s’élever. Précisons qu’à la suite de cet échec, furent appliquées les dispositions signalées dans un paragraphe précédent de mise sur remorque à partir d’une plage.
II existe enfin une variante spectaculaire du grutage qui permet de voir son bateau s’envoler avec quelques appréhensions quant à son point de chute. II s’agit de l’embarquement sur un navire par le mécanisme précis de deux mâts de charge donnant à l’opération une allure quelque peu acrobatique. Mais si l’on tremble un peu pour son cher bateau, la grande dextérité des responsables de la manœuvre doit être rassurante. Un conseil cependant, si possible faites charger votre mât à part, car dans le tournoiement dans les airs, ses extrémités dépassant de la coque pourraient faire de mauvaises rencontres.
Que ces réflexions superficielles sur la mise à l’eau du Cap Corse n’effraient pas les nouveaux propriétaires avec leur beau bateau tout neuf, bien bichonné, qui n’a peut-être encore jamais flotté. II aura beaucoup plus de chance de se faire écorcher au cours de ses périples nautiques que lors de sa mise à l’eau, quelque soit le moyen utilisé et le lieu car le constructeur si fier à juste titre de son beau travail sera là pour veiller et se précipiter là où quelque obstacle contondant deviendrait agressif… tandis qu’en mer ce n’est pas toujours aussi facile; les quais arrivent vite par vent arrière si l’on affale trop tard, les cafouillages peuvent être dangereux au départ d’une régate, les pare-battages oublient quelquefois de rester à leur poste… etc.
Bonne route quand même et si vous réussissez à mettre votre bateau à l’eau… bonne mer.
C.C. |
MA DERNIERE TROUVAILLE APRES AVOIR EU UNE MECANOREM QUI N A JAMAIS MIS A L EAU CAR IL FAUT METTRE L ESSIEU DANS L EAU (EAU DE MER = mort des freins tres rapidement)
un porte voiture et un ber galvanise sur des roues en plastic
Bonsoir,
On peut avoir un peu plus d’explication ? une photo ? tu mets d’abord la voiture à l’eau 😉 ?
Cela doit ressembler à cela ex « Flores » now « This way up »